Lectures et critiques
21 Avril 2016
Ce matin-là était le dernier de mon ancienne vie et je ne le savais pas encore
Eric-Emmanuel, 28 ans, philosophe, part pour Tamanrasset en vue de parcourir le désert. Il est notamment accompagné de Donald, Gérard, Jean-Pierre, Martine, Ségolène…. et d’Abayghur le touareg qui va veilleur sur eux et les conduire à travers ce décor de pierres et de sable.
Tous sont sous l’emprise de la nature : chacun fait l’expérience de l’extrême chaleur en journée et de la fraîcheur des nuits, des dons d’Abayghur pour la cuisine et le feu. Puis Il y a ceux qui observent les étoiles, les traces laissées par les animaux, qui se disputent au sujet de l’existence de Dieu…
Un jour, en fin de journée, Eric-Emmanuel part en tête du groupe afin de regagner le campement. Le voilà qui fonce, sautillant, se sentant léger, sûr de reconnaître le chemin. Il est tellement sûr de lui qu’il va sans se préoccuper de savoir si les autres le suivent.
Au bout d’un moment il finit par se retourner et percute qu’il est seul.
Non seulement il est seul mais il n’ a aucune vue du campement à l’horizon (et pourtant l’horizon est vaste).
Avec quatre gorgées d’eau dans sa gourde, en bermuda, le voilà qui s’enterre dans le sable afin de passer la nuit « au chaud ». Il attend. Il réfléchit.
Puis, arrive LE moment, l'instant, la longue période : ce qui est de l’ordre de l’abstrait et indescriptible, l’entoure, le soulève, l’élève. Une chaleur, une force, une énergie. La douceur puis la fulgurance.
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Mon avis : j'ai apprécié l'écriture de l'auteur que j'ai trouvée plus fouillée que dans certains de ses derniers romans.
Comme je connaissais le propos de son livre, je me suis amusée de la légèreté du narrateur en sachant ce qui allait se passer. Je lui trouvai dans l'histoire un côté fanfaron, joyeux drille, sûr de certaines choses.
Le regret que j'ai, est que je n'ai pas retrouvé dans son propos la force de ce qu'il a vécu cette nuit-là. Je ne sais pas si c'est parce que c'est impossible à retranscrire (ce qui est fort probable) ou si pour lui toute la fulgurance de l'événement est en lui, qu'il est encore submergé par elle et n'arrive pas à rendre compte de la puissance de l'événement.
La citation ci-dessous répond sûrement à mon interrogation
Décrire une force qui ne tient pas dans un corps, une présence qui se passe de forme, est-ce possible ?